Raison d’être

« Créer un lieu de vie coopératif égalitaire, animé de rencontres et de partages, qui permet de développer un réseau local et régional basé sur l’autonomie alimentaire et énergétique, et se montre solidaire avec les groupes opprimés et leurs luttes. »

Comme expliqué sur la page d’accueil, du fait des départs du projet de 2 membres, les Sept Ponts n’est plus en mesure de porter les 5 axes de front comme il souhaitait et pouvait le faire au début. Néanmoins, ces 5 axes restent des boussoles et des idéaux à atteindre et c’est pour cela que nous les détaillons ci-dessous :


L’autonomie alimentaire

• L’autonomie alimentaire consiste à nourrir les habitants (permanents et de passage) en produisant sur le lieu (auto-production) ou via le troc, tout en utilisant le moins d’euros possibles. Il s’agit donc d’une direction plus que d’un objectif absolu qu’il faudrait atteindre coûte-que-coûte et immédiatement.

• La tendance à réduire progressivement les achats en supermarché conduira à revenir à une consommation plus modérée des produits venant de loin (fruits exotiques, café, chocolat…). Il ne s’agit pas de renoncer à ces produits mais de leur rendre leur caractère exceptionnel sous nos latitudes.

• L’autonomie se pense sur le temps long et en fonction d’un ensemble de valeurs : elle doit nécessairement respecter le sol, le bien-être des animaux, le maintien d’espaces sauvages, etc.

• Il est nécessaire de savoir produire mais aussi de savoir conserver et stocker la production dans un espace prévu à cet effet. En effet, l’autonomie consiste aussi à être capable de faire face à l’imprévu et à savoir encaisser les coups durs (mauvaises récoltes, etc.).

• Enfin, l’autonomie alimentaire déborde le lieu dans lequel nous vivons. En conséquence, l’un de nos buts sera de créer ou de faire vivre un réseau local solidaire et résilient sur le plan alimentaire, dans un rayon de plusieurs kilomètres. L’autonomie alimentaire pose donc nécessairement la question de l’ouverture avec les alentours.



L’ouverture

• L’ouverture sur l’extérieur, c’est vivre en autonomie mais pas en autarcie. Ce projet collectif n’est pas un repli sur soi.

• La nature et les écosystèmes, qui reposent sur la diversité et la richesse des contacts et des échanges entre des groupes et des milieux différents, peuvent constituer une source d’inspiration. Au sein d’une société, chaque groupe doit pouvoir s’épanouir sans opprimer les autres.

• L’ouverture doit se réaliser à tous les échelons :
   ◦ Nous devons être ouverts avec nous-mêmes, dans le respect de nos différences.
   ◦ Nous devons de plus construire des échanges actifs avec notre entourage géographique (voisinage, villages alentours, région…), en développant des solidarités ou en partageant et diffusant des savoirs, etc.
   ◦ L’ouverture, c’est également l’accueil de l’extérieur dans le collectif. Cet accueil passe par l’organisation de Journées Portes Ouvertes ou d’événements festifs et culturels, mais aussi par l’échange de bons procédés comme le wwoofing, ou encore l’accueil de voyageurs via le couchsurfing, voire de touristes, etc.

• Ce projet ne vise pas seulement à créer un oasis pour notre groupe. Le collectif entend consacrer de l’énergie à soutenir les personnes ou les groupes qui, par manque de moyens ou parce qu’ils sont opprimés, ne peuvent pas choisir leur trajectoire d’existence. Une parte des activités du collectif consistera à prendre contact avec ces groupes, à aller les rencontrer, à nous mettre au service d’associations (par exemple dans les zones urbaines défavorisées) qui lutent contre le racisme ou le sexisme, etc.



Une gouvernance respectueuse

• Il s’agit de penser son faire-ensemble (prendre les décisions collectivement, vivre ensemble, résoudre les confits). Ce faire-ensemble s’apparente à un jeu coopératif : chacun doit prendre plaisir individuellement tout en ayant des actions qui permettent de s’approcher du but collectif. On peut aussi le comparer à la vie du corps humain : si chaque organe a ses propres « besoins et envies » (le coeur a envie et besoin de pomper du sang tandis que les poumons permettent la circulation de l’air), leurs actions participent pourtant à la vie et à la bonne santé du corps.

• Deux conditions doivent être réunies pour prendre des décisions satisfaisantes à un niveau collectif. D’abord, il faut que chaque membre partage avec les autres une vision commune du projet (la raison d’être). Mais il faut aussi, absolument, que chaque membre soit au clair sur ce qu’il souhaite individuellement. En effet, il est vain d’imaginer une harmonie collective si, individuellement, nous sommes incapables d’identifier nos propres besoins, de les exprimer, et de faire la différence entre nos besoins et nos peurs.

• Mettre en place une gouvernance respectueuse, c’est redonner à chacun le pouvoir de décider au même titre que les autres. Ce pouvoir s’accompagne d’une grande responsabilité car cela veut dire être capable de renoncer à certaines choses. C’est s’imposer ses propres limites et contraintes.

• Nous souhaiterions installer des outils et systèmes comme la gouvernance partagée ou la sociocratie. En général, les décisions se prennent au consentement (= pour valider une décision, personne ne doit s’opposer au projet) mais, en cas de blocage, il sera possible de passer par le vote à une majorité des deux-tiers.



Les ressources

• Englobant plusieurs éléments, il s’agit de tendre vers l’autonomie énergétique : pour retrouver une certaine capacité de décision, nous devons être les générateurs de notre propre énergie et, dans le même temps, en assumer les conséquences environnementales.

• Cela passe par diminuer sa consommation moyenne car si tout le monde consommait comme les français, il faudrait trois planètes Terre.

• Il s’agit également de mieux comprendre comment fonctionnent les ressources et l’énergie afin d’adapter sa consommation au renouvellement des ressources : utiliser du bois de chauffage à un rythme qui permette à la forêt de s’étendre, non de diminuer.

• Notre approche des ressources s’appuiera également sur la récupération (eau de pluie, bâche d’ensilage jetés par les agriculteurs, déchets verts de la commune, vieux outils de voisins, etc.), la réparation (remplacer une pièce plutôt que jeter l’objet) et le recyclage.

• Cependant, nous sommes pleinement conscients que l’énergie n’est ni une question individuelle, ni une question technique. En effet, la sobriété énergétique produit des effets très restreints en raison de différents facteurs interdépendants :
   ◦ Une minorité sape les efforts de la majorité (10 % des habitants les plus riches émettent 50 % des gaz à effet de serre)
   ◦ La consommation individuelle de pétrole est en baisse depuis 1979 mais l’augmentation de la population mondiale efface complètement ces efforts individuels (la quantité totale de pétrole consommé augmente)
   ◦ Les économies d’énergie apportées par la technologie sur un produit sont systématiquement effacées par une utilisation plus intensive de ce même produit (effet Rebond ou Jeevons)
   ◦ Si tous les français recyclaient tous leur déchets ménagers, seulement 9% des poubelles de la France seraient recyclées car l’industrie produit 91% des déchets et n’en recyclent que 32 % (contre 40% pour les ménages).



La mutualisation

• C’est décider de ce que l’on met en commun et de ce que l’on donne pour le groupe et dans quels buts. La mutualisation consacre l’adage « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin » en cherchant consciemment à proposer un autre modèle où l’argent est décoléré du pouvoir de décision, où les écarts de richesses sont rééquilibrés et où la solidarité n’est plus juste un mot.

• Aujourd’hui dans notre société, le champ des possibles d’un individu est directement lié à la taille de son compte en banque. Nous souhaitons casser ce rapport : chaque membre du projet aura le même pouvoir de décision que les autres, peu importe son apport financier.

• Pour cela, il a fallu imaginer le système suivant : ne pas être propriétaires de la maison mais simplement locataires. Le propriétaire est une association gérée par les locataires de manière collégiale. Ainsi, sans être pourtant propriétaire, aucun locataire ne risque d’être soudainement évincé comme cela peut se produire dans le système actuel de propriété privée. On appelle ce fonctionnement la propriété d’usage.

• Par ailleurs, ce système permet de se protéger de l’appât du gain. Même si le marché immobilier doublait le prix de la maison, la vente de la maison conduirait à une plus-value qui bénéficierait uniquement à l’association et non à des particuliers.

• Notre système français est censé agréger la richesse de tous les acteurs et la redistribuer équitablement afin que tout le monde puisse avoir une vie digne. Devant l’échec de ce système qui n’est ni juste, ni ne permet la dignité des individus, nous cherchons à nous organiser pour redonner vie à cette belle idée. Ainsi, l’argent des membres sera mis en commun, avec comme objectif une redistribution vraiment équitable.

• L’argent de l’association provient au départ et principalement des revenus extérieurs des membres permanents (exemple : enseignant, autoentrepreneur, chômage, etc.). Tout cet argent mis en commun sera redistribué : une parte le sera sous forme de salaire universel. Chaque membre permanent pourra l’utiliser comme il l’entend.

• Les revenus mis en commun servent à financer :
   ◦ Utilisation n°1 : Les besoins primaires des habitants (taxe foncière, imprévus maison, eau et énergie, alimentation, assurances santé, voiture et habitation, téléphonie et internet, essence.)
   ◦ Utilisation n°2 : La capacité à auto-produire (les savoirs-faire et les activités permettant de développer la capacité du collectif à auto-produire la nourriture et l’énergie)
   ◦ Utilisation n°3 : L’épanouissement de ses membres via la distribution d’une somme d’argent équitable (le revenu universel)
   ◦ Utilisation n°4 : Accomplir la raison d’être de l’association, c’est à dire agir pour faire émerger un monde nouveau (monnaie locale, manifestation, impression de tracts, construction de liens avec d’autres collectifs, tenue de cours gratuits, appui à d’autres associations en lute, etc.) tout en pérennisant le lieu (faire en sorte que l’association possède le lieu sans dettes).